De Rochambeau à Félix Éboué, l’histoire derrière les noms

Durant la Seconde Guerre mondiale, les Forces armées des États-Unis d’Amérique recherchent un aéroport pour que les bombardiers et avions de transport, en route vers le continent africain, fassent leur escale technique. C’est ainsi qu’en 1943, l’aéroport de Cayenne voit le jour en seulement dix mois. Il portera le nom d’aéroport de Rochambeau, en référence à Jean-Baptiste Donatien de Vimeur, comte de Rochambeau, commandant des troupes françaises qui participèrent à la guerre d’indépendance des États-Unis.

En 1947, lorsque la Guyane devient département français, se pose la question de la propriété de l’aéroport qui demeurait jusqu’alors américain. Ce n’est qu’en 1949 et à la demande du général de Gaulle, que l’aéroport de Cayenne passe officiellement sous pavillon français pour la modique somme de 300 000 dollars.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là et surtout elle ne s’efface pas. Il s’avère que Jean-Baptiste Donatien de Vimeur de Rochambeau a eu un fils, le général Donatien-Marie-Joseph, vicomte de Rochambeau, qui se distingua à Saint-Domingue par des méthodes cruelles de pacification et de répressions des esclaves insurgés.

Quelle ne fut pas la (mauvaise) surprise de la délégation haïtienne invitée au salon du livre de Cayenne en 2001, en découvrant ce nom inscrit sur la façade d’un aéroport français. Cet incident ravivera la polémique sur le nom de Rochambeau. Et ce n’est qu’en janvier 2012, sous l’impulsion de la députée Guyanaise Christiane Taubira, que l’aéroport change officiellement de nom pour « aéroport international de Cayenne – Félix Éboué ».

Par cet acte, la Guyane se réapproprie son histoire en rendant hommage à ce héros, cet enfant du pays devenu grand homme de la République française.